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Parlons Politique !
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Michel Rocard, mort d'un homme qui voulait une société plus juste

Mort à l'âge de 85 ans, Michel Rocard, l'ancien premier ministre et meilleur ennemi de François Mitterand, aura eu une vision du socialisme qui ne surprendra plus qu'un.

Fils du physicien Yves Rocard, il sera marqué tout d'abord durant son adolescence par la Seconde Guerre Mondiale et du totalitarisme. Il déclara, à propos de l'élection d'Hitler en Allemagne au suffrage universel : "C'est la politique qui a déconné : et c'est elle, l'affaire sérieuse". Plus tard, il émettra un avis sur le communisme : " Ma vision du communisme a été vite fixée (...) ne jamais mettre les pieds la-dedans, ne jamais le tolérer"

Pour gagner sa vie en tant qu'étudiant à Sciences Po, il aura été tourneur-fraiseur dans un laboratoire de l'Ecole Polytechnique. C'est là qu'il eut un déclic, en étant initié par son contremaître à l'histoire de la gauche. Vraisemblablement endoctriné à travers l'histoire de la gauche durant les Lumières, le XIXème siècle et le Front Populaire, il adhéra en 1949 à la SFIO, avec comme intérêt premier de militer en faveur de l'Europe. Un précurseur, en somme, qui après avoir vécu la guerre, voulu instaurer une paix entre les peuples historiques. Cela devrait remettre les pendules à l'heure chez certains à l'heure d'aujourd'hui, à gauche comme à droite.

En 1958, il quitte la SFIO suite à un désaccord sur la question algérienne. Il déclara à ce sujet : "Durant plus d'un siècle, la France a prétendu mener en Algérie une politique dite de l'assimilation, que seule justifiait l'intégration de l'Algérie dans le territoire de la République (...) L’Égalité des devoirs existait, notamment l’impôt du sang, mais point d’Egalité de droits. Cela relève d'une mentalité proche d'une ségrégation raciale qui interdisait aux musulmans, sans exception, l'accès aux fonctions de responsabilités, mêmes mineures, dans leur propre pays."

Le principe d'égalité représenta quelque chose de fort pour le jeune Rocard, souhaitant qu'il soit respecté dans un sens comme dans un autre. Il mettra d'ailleurs en valeur les abus de l'armée française durant la guerre d'Algérie, comme par exemple celui de déplacer les populations pour éviter au FLN de s'enraciner, ce qui engendrera de nombreuse victimes côté civils. Il avait le courage et le culot pour dénoncer les abus d'une société injuste, quitte à se positionner contre son propre pays.

En parallèle de ce courage, Michel Rocard mènera pendant les années 1960 ces premières responsabilités étatiques avec succès, après être sorti de Sciences Po et de l'ENA.

Après la démission du Général de Gaulle en 1969, il est candidat à l'élection présidentielle en proposant "un tournant vers le socialisme". Il recevra 3.61%, un petit score mais étant donné les 5% de la SFIO, ce score reste à relativiser. Peu après, il est élu député des Yvelines, en battant, à titre indicatif, le premier ministre sortant Maurice Couve de Murville. Il perdra ce siège en 1973.

Il se prononce contre le programme commun établi en 1973 entre le PS e le PCF, estimant qu'ils ont " choisi de ne pas proposer un programme socialiste ". Dans les faits, il fut cohérent pour lui de prendre ses distances avec le PCF, étant donné que ce dernier fut le maillon menant le PS à un essor des voix.

Malgré cela il intégra le PS en 1974 et devient membre du bureau exécutif dès 1975.

Populaire, il sera durant la fin des années 1970 leader de la deuxième gauche. Le "rocardisme" sera propulsé par deux axes qui l'oppose aux "Mitterrandiens" : d'une part par la décentralisation (" Je sens profondément que ce mouvement centralisateur, commencé par Philippe le Bel, doit cesser" ) et d'autre part sur les nationalisations ( appelées nationalisations à outrance ). De plus, il prônera une politique économique " réaliste " contrairement à Mitterrand qui s'en mordra les doigts deux ans après avoir été élu Président.

En novembre 1980, il se déclare candidat à la présidence de la République. Néanmoins, 15 jours après, il retire sa candidature lorsque François Mitterrand annonce la sienne au nom du PS.

Il aura au moins eu le courage de sacrifier son combat présidentiel pour un homme qu'il n'apprécia guère.

Avec Jacques Delors il aurait été un importateur des principes de l'économie néolibérale en France, en remettant en cause les principes de Milton Friedmann.

Malgré la rivalité envers François Mitterrand, il devient dès 1981 lors du gouvernement Mauroy ministre de l'aménagement du territoire. Son passage par ce cabinet sera marqué par la création des contrats état-région, permettant à l'Etat et une Région de financer et de programmer des projets importants pour créer des infrastructures ou bien des filières d'avenir. Une loi qui permet mettre en valeur l'avenir de la France

Le changement de premier ministre en 1983 lui permet de changer de porte-feuille. Laurent Fabius le nomme ministre de l'agriculture : il démissionnera en 1985 après avoir exprimé son désaccord à l'établissement du scrutin proportionnel aux élections législatives de 1986.

Le sommet de sa carrière aura été en 1988 : il devient premier ministre au début du second septennat de François Mitterrand. Ce dernier voyant sa popularité déclara : "Je vais le nommer puisque les Français en veulent (...) Mais vous verrez au bout de 18 mois, on verra au travers" On remarque ici l'hypocrisie et la caractère niais du chef de l'état socialiste.

Tout au long de son titre de chef du gouvernement, il aura marqué par des réformes économiques. Il instaure en premier lieu le RMI ( Revenu Minimum d'Insertion) visant à aider d'une façon temporaire les chômeurs en fin de droits à survivre et à se réinsérer dans la société.

On reconnait l'homme de gauche souhaitant à améliorer les droits sociaux, pensant à ceux qui sont dans le besoin.

Pour se faire, il créa la CSG (contribution sociale généralisée ) visant à être un revenu de transfert : prélevé sur l’impôt sur le revenu et sur le patrimoine, il permet à financer le système de sécurité sociale. Michel Rocard aura donc été celui qui; 35 ans après la création de la Sécurité Sociale, permet de la financier d'une façon bismarckienne. Cette taxe permet de faire comprendre au contribuable à quel point sa contribution est utile à la société, en particulier à ceux qui ont besoin d'une aide financière de l'Etat.

De plus, il aurait un premier ministre qui aura mis fin au conflit Néo-calédonien : les Accords de Matignon qu'il aura mis en place permet à ce territoire français pour à terme de se poser la question de l'autodétermination. Est-il le provocateur d'un possible Calédoniexit ?

Au bout de trois ans de bons et loyaux services envers son meilleur ennemi, il démissionna au profit de Mme Cresson, première femme premier ministre.

Deux ans plus tard, avec PS plus bas que terre, humilié aux élection législatives, lié à une possible lassitude envers d'un Président hypocrite et opportuniste, il propose à "big bang" au sein de la gauche française : une alternance au mitterandisme, après 20 années de domination de la gauche. Il devient donc premier secrétaire du parti socialiste en 1993. Il démissionnera un an plus tard, après avoir subi une cuisante défaite du parti aux élections européennes de 1994.

Selon lui , il considère ce passage comme "l'erreur de sa carrière ". Il aura eu l’honnêteté d'expliquer que le premier secrétaire est victime en cas de défaite de chasse à la sorcière.

Il finira sa carrière politique en occupant plusieurs fonctions diverses et variés au sein du Parlement Européen : le jeune européen convaincu et visionnaire réalisera ce qu'il a motivé à s'engager en politique lors des quinze dernières années de sa vie.

Au cours de son implication dans l'UE, il montrera ses valeurs et ne perdra pas un moment pour dénigrer ceux qui l'oppose au sein du parti socialiste, et ne perdre pas en crédibilité, malgré un age avancé.

En 2009, il acceptera de travailler avec Nicolas Sarkozy pour devenir Ambassadeur de la France au sein des relations internationales des pôles arctiques et antarctiques, qui le passionnera durant les sept dernières années de sa vie. Critiqué pour avoir accepté de travailler pour quelqu'un du camp opposé, il prouvera qu'il dépasse les clivages politiques.et milite pour ses valeurs et non pas pour un parti qui la beaucoup dénigré.

C'est un homme visionnaire et au service de la société qui est parti hier.

"Cessons de martyriser notre avenir" déclara-t-il.

Merci Monsieur Rocard pour tout ce que vous avez fait pour la France.

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